Je me suis fait la belle

Ca a commencé au petit-déjeuner. Je m’étais tout juste préparé ma première tartine quand Malik s’est installé à mes côtés pour me chuchoter à l’oreille une information de première importance.

- Norbert s’est fait la belle.
- Hein ? il est parti ?
- Non, il s’est fait l’infirmière, la belle, pas Monique hein.
- Oh mince, Jeanny ? Il y est parvenu ! J’ai perdu mon pari alors… mais comment il fait nom de nom.

J’ai dû lui filer mon paquet de clopes et mon repas. De toute façon, il m’avait définitivement coupé l’appétit. Je partis au boulot, dégoûté. Norbert n’était pas le genre « bad boy » tatoué, musclé et avec une gueule d’ange, non. Au contraire, c’était un mec lambda qui passait d’ordinaire inaperçu, mais qui là, à l’évidence, avait tapé dans l’œil de l’infirmière.

A midi, j’avais tout juste terminé mon dessert quand Tito s’est assis en face de moi pour afficher son plus beau sourire narquois.

- On se fait la belle ?

On a repoussé le plateau, viré les miettes et reluqué la table avant de s’empoigner. J’aurais préféré y pousser l’infirmière, mais on a laissé parler nos muscles. Et j’ai perdu, encore. J’ai refilé mon nouveau paquet de clopes, moins une, que j’avais par chance fumée à ma pause.

Mais la journée n’était pas terminée, loin de là. A vingt heures, quand les lumières se sont éteintes pour laisser place au match de foot sur grand écran, j’ai saisi l’occasion. Une opportunité qui ne se présenterait pas avant longtemps. Le manque du pass n’avait pas encore été remarqué, c’était maintenant ou jamais. Alors qu’ils avaient tous les yeux rivés sur l’écran, je me suis glissé dans le couloir pour me faufiler dans les bennes à ordures et j’ai attendu. Entre les épluchures et les détritus d’origines inconnues, j’ai compté les minutes. Comme prévu, le camion a pénétré dans la cour, Nono a viré les sacs en sifflotant son éternel air des Champs Elysée et puis j’ai roulé dans la puanteur. Mais qu’importe, ce soir c’est Moi qui me faisais la belle !

Et cette fois, je signais pour la perpétuité à l’extérieur des murs de la prison. Oubliés mes ratés passés, mes paris perdus, j’avais su passer aussi inaperçu. J’avais eu la force d’attendre et pour la première fois depuis cinq ans, mon audace payait.

Je corrige de suite, merci !   J'ai pas vraiment fait dans l'originalité, mais j'aime bien les défis et concours et je n'aurais plus le temps ensuite.

Hello. J'ai trouvé l'amorce très amusante, et puis je me suis demandé si ton personnage allait finir par se barrer ou pas. C'est bien amené, c'est sympathique, mais il est un peu dommage de passer aussi peu de temps sur cette évasion, finalement très facile de surcroît.

Coucou Asyne, j'ai trouvé ton petit texte très sympa ! Il y a comme une ambiance du film ''vol au dessus-d'un nid de coucou'', un peu légère mais pas tant que ça, si ce n'est que tu situes l'action dans une prison plutôt qu'un hôpital psy ^^ J'ai adoré le détournement de l'expression au début avec l'infirmière, j'aurais presque aimé que tu creuses plus loin cette vision du thème Merci de ta participation !!

Oui, à la base je pensais détourner un peu plus l'expression, mais par manque de temps et de résultats durant mes courtes réflexions, je me suis contentée de cela. Un peu facile, mais je n'aurais pas voulu passer à côté de la proposition d'Heliotrope. Je prendrais plus de temps en 2014, car ces petits défis/concours me bottent bien   Je me réjouis de lire vos textes.