La fête du Nsamba Binga

Dans les cuisines ça s’active, les femmes vont et viennent. Leurs grands kaba ngondo balayant le sol, au rythme de leurs déplacements entre les différents foyers. De multiples feux de bois allumés de part et d’autre de la grande cour, laissent jaillir d’immenses flammes. Faisant bouillir d’énormes marmites de bouillon de viande de brousse et faisant rôtir du gibier.
Elles entonnent des chants de joie pour se donner du courage et s’égailler. Elles se charrient, rient, en s’esclaffant et s’affalant sur le  sol. Leur joie de vivre est si contagieuse, que je ne peux m’empêcher de sourire. J’admire leur capacité à porter à mains propres de grosses marmites chaudes qu’elles retirent directement du feu et déposent par terre. Elles réajustent leurs foulards, pas très bien attachés et qui pourtant ne tombent jamais. Puis s’essuient le visage rempli de sueur, avec un bout de leur kaba toujours plus grand qu’elles.
Accroupie pas bien loin de ma grand-mère, je la regarde fascinée, diriger la petite troupe de femmes. Les ramener à l’ordre quand elles se laissent un peu trop aller. Car tout doit être prêt à temps pour le début des cérémonies.
Cet après midi, c’est la grande fête du « nsamba binga » qui signifie rassemblement des femmes. Elle a lieu chaque année et le rituel est le même depuis ma naissance. Ma mamie faisant partie des anciennes, tout se prépare chez elle.
Pendant que les femmes s’activent, les hommes nettoient la grande place. Ils vont recueillir   du vin de palme, nettoyer les tam-tams, tambours, balafons et gongs.
Un jeune homme fort en âge, qu’on dit très talentueux dans le maniement du tam-tam dans le village. Ramasse les deux bâtons et joue  un air. Comme toujours cela a une signification et pour l’heure, il invite ma grand-mère à lancer le début des activités.
Cette dernière se lève, acclamée par les cris des autres femmes ! Elles disent « oyanga ! oyanga ». Ce qui est une invitation à lancer un cri strident imitant le bruit d’une sirène.  Elles en sont toutes excitées. J’aimerais tellement savoir le faire aussi, du haut de mes huit ans. Je trouve impressionnant qu’une gorge puisse le faire.
Mamie les calme de sa main, elle dit une prière comme il est de coutume et elle leur fait son petit speach. Enfin, elle annonce l’ouverture des festivités.
S’en suivent alors  des chants très rythmiques accompagnés de tam-tam, tambours et balafons. Les femmes se déhanchent au son de la musique, pieds nus, soulevant des fumées de poussières.
Pas besoin d’être invité, toute personne passant par là, qu’il soit du village ou non, peut s’arrêter et profiter de la fête. Le vin de palme coule à flot.
Enfin vient le moment du repas. Les hommes transportent de grandes et longues tables en plein milieu de la cour et les femmes apportent de gros plateaux de repas. Le fumet qui traverse la salle,  en fait baver plus d’un.
Le protocole du repas est le même, d’abord les plus âgés, ensuite les étrangers et enfin les enfants et les plus jeunes.

Un jeune homme fort en âge, qu’on dit très talentueux dans le maniement du tam-tam dans le village. Ramasse les deux bâtons et joue un air, comme toujours cela a une signification et pour l’heure, il invite ma grand-mère à lancer le début des activités.

Faisant bouillir d’énormes marmites de bouillon de viande de brousse et faisant rôtir du gibier.

Un jeune homme fort en âge, qu’on dit très talentueux dans le maniement du tam-tam dans le village. Ramasse les deux bâtons et joue  un air.

Mamie les calme de sa main, elle dit une prière comme il est de coutume et elle leur fait son petit speach.

Le vin de palme coule à flot

Le fumet qui traverse la salle,  en fait baver plus d’un.